Le mineur de bitcoins Core Scientific survira-t-il au prochain halving ? Son CEO Adam Sullivan s’est montré relativement optimiste.

Géant aux pieds d’argile

Core Scientific revient de loin. Le mineur s’est retrouvé au bord de la faillite en fin d’année 2022 et demeure toujours en délicatesse.

La société, qui a vu passer plus de 720 000 ASIC depuis sa création, s’est placée sous la protection du chapter 11, ce qui est différent du chapter 7. Ce dernier est une procédure de faillite. L’entreprise doit alors fermer ses portes et vendre tout son capital. A contrario, l’entreprise continue de fonctionner avec le chapter 11.

Aujourd’hui, Core Scientific exploite toujours plus de 700 mégawatts qui alimentent 206 000 mineurs. Adam Sullivan espère retourner sur le NASDAQ avant la fin de l’année.

Voici l’explication de M. Sullivan à propos du marasme dans lequel son entreprise s’est engluée :

« Au cours des années 2021 et 2022, la croissance était la préoccupation première. Il fallait mettre plus de puissance en ligne, plus de mégawatts en service, etc. Et pour ce faire, beaucoup d’entreprises ont levé des fonds propres et de la dette. Core Scientific a pu financer une partie importante de sa croissance en utilisant de la dette, ce qui nous rendu très sensible à la variation du prix du bitcoin. Au troisième trimestre 2022, les choses se sont gâtées lorsque les marchés de l’énergie se sont mis à grimper en flèche parallèlement à une baisse du bitcoin. Les marges des mineurs de bitcoins ont été écrasées, mettant Core Scientific dans une situation très inconfortable. »

En somme, Core Scientific a pêché par optimisme. Complétons ces dires en disant que la hausse des prix de l’énergie n’avait pas été anticipée dans les contrats d’hébergement. Or, Core Scientific est le plus grand hébergeur de mineurs pour des sociétés tiers.

Bitcoin Halving

Adam Sullivan estime qu’il faut évaluer les différents mineurs en fonction de l’efficience de leur parc d’ASIC (J/TH) (comparé à l’efficience globale moyenne) et leur hashrate total. D’après lui, ces deux paramètres sont essentiels pour jauger si un mineur risque d’être parmi ceux qui se feront écrémer par le halving.

Pour sa part, Core Scientific s’y prépare en répartissant ses machines de la manière la plus intelligente possible au sein de ses différentes installations :

« Nous avons sept installations réparties dans cinq États, ce qui nous permet d’avoir différents types de contrats d’électricité, différents niveaux de tarification et différents niveaux d’intermittence. […] Nous avons commencé à répartir nos machines en fonction de ce que nous pensons être le plus rentable. En général, cela signifie que nos machines les moins efficaces sont déplacées vers des sites présentant plus d’intermittence en échange de prix de l’électricité plus bas. Nos machines les plus efficientes sont placées dans nos installations bénéficiant des températures et des durées de fonctionnement les plus stables. »

Dit autrement, Core cherche l’efficience maximale avec les moyens du bord. Interrogé sur l’impact du halving sur la valeur du Bitcoin, M. Sullivan est resté prudent :

« Nous avons tout vu par le passé. Du bull run quelques mois après le halving, au bull run juste avant le halving, voire un bull run après un plongeon. […] Il est évident que nous nous attendons à une volatilité supplémentaire au cours des 12 prochains mois. Je m’attends à ce qu’il y ait un intérêt important de la part des investisseurs institutionnels pour les ETF. »

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Sauvé par le gong ?

Difficile d’imaginer que le combo Halving/ETF ne puisse pas avoir un effet positif sur le bitcoin, toutes choses égales par ailleurs.

Ce serait une bouffée d’oxygène pour Core Scientific qui fait face à une compétition toujours plus féroce, sans parler des derniers modèles d’ASIC qui offrent un avantage d’efficience aux nouveaux venus.

Malgré l’absence de trésorerie, Core Scientific a pu mettre la main sur de nouveaux équipements :

« Nous avons annoncé il y a quelques semaines que Bitmain avait investi dans Core Scientific. Ils nous fournissent 27 000 machines (77 millions de dollars, dont 54 millions payés en actions Core Scientific). Ces 27 000 machines sont des antminers S19 XP. Nous continuerons également à évaluer les antminers S21. »

Concernant le hashrate qui bat sans cesse de nouveaux records, M. Sullivan ne pense pas que nous atteindrons les 500 EH/s avant le halving :

« De nombreux projets d’infrastructure ont été abandonnés au cours des six derniers mois. […] Nous nous trouvons dans une sorte d’impasse où l’infrastructure n’est pas suffisante pour accueillir toutes les machines fabriquées. Certains mineurs de l’ancienne génération devront faire place aux nouvelles générations. Je pense que les antminers S17 qui ont une efficience de l’ordre de 34 J/TH vont être débranchés après le halving. Le hashrate va augmenter au cours de l’année à venir, mais si l’on regarde les calendriers de livraison d’ASIC et la pénurie d’infrastructures, je ne sais pas si nous verrons nécessairement 500 EH/s avant le halving. »

Des mineurs devront jeter l’éponge si le cours du bitcoin ne remonte pas. Ce qui est in fine une bonne nouvelle pour la décentralisation et l’empreinte carbone du réseau Bitcoin. Davantage d’ASIC se retrouveront là où l’électricité est peu chère. C’est-à-dire là où des surplus d’énergie renouvelable existent.

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